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mardi 17 juin 2008

Un génocide culturel : les langues régionales inscrites dans la Constitution française

La diversité de l’unité nationale, un nouveau concept absurde et périlleux …
Le 22 mai dernier, lors de l'examen du projet de loi constitutionnelle de modernisation des institutions, l’Assemblée Nationale décida d'adopter un amendement introduisant dans l'article de la Constitution française la phrase suivante : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. » Avec cette avancée populiste, une erreur historique est à redouter. La sottise à courte vue risque d'être élevée au rang de révolution.
En 1999, selon les critères de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le rapport Bernard Cerquiglini en a recensé 75. Leur caractéristique est qu'elles ne doivent pas être les langues officielles de pays étrangers - l'espagnol, l'anglais ou l'arabe classique, par exemple, ne sont pas concernés–, ni émaner de populations récemment immigrées, ni être mortes. Il s'agit donc de langues régionales et traditionnelles, encore parlées et attachées à un espace géographique, comme l'occitan, le basque, le breton, le catalan, l'alsacien, le corse, le créole, donc à une nation. Mais on trouve aussi, dans les langues minoritaires et en raison de l'Histoire, le berbère, l'arabe dialectal ou le yiddish. C’est la résurgence du passé colonial de la France avec, par exemple, le lingala parlé en République du Congo et le douala au Cameroun parlés par moins de 20 millions de personnes, dont les franco-camerounais controversés Dieudonné, humoriste ou l’ex-sportif-chanteur Yannick Noah, ou le jazziste Manu Dibango.
Il serait d’ailleurs extrêmement injuste de négliger les 66 à 73 millions de locuteurs vietnamiens au Viêt Nam et les 15 à 22 millions de Cambodgiens du Cambodge et du sud du Viêt Nam (et en Thaïlande), qui parlent la langue khmer.

Le flou sur les critères rend souvent difficiles à identifier les langues
concernées par ce projet. Ainsi, le shimaore parlé à Mayotte est une variante du swahili. Il n'existe pas une langue créole ou kanak, mais plusieurs dialectes. En Nouvelle-Calédonie, on compte par exemple 32 aires langagières différentes ! Ce qui brise net le roman venu de Paris qui voudrait que l'on puisse témoigner au tribunal dans la langue du « pays ». Pour le breton, les cinq langues d'origine ont été unifiées pendant l'Occupation. Et le breton dit 'unifié', à côté du gallo, est une langue parfaitement artificielle, qui est au breton ce que le poisson surgelé est au poisson de pêche, selon le socialiste Jean-Luc Mélenchon ! Au total, les langues minoritaires ne sont parlées que par 7 % de la population. Vouloir introduire, dans le registre politique, des droits particuliers au motif de la langue est contraire à l'esprit de nos institutions. En 1999, le Conseil Constitutionnel ne s'y est pas trompé : il a rejeté la charte européenne - qui introduisait notamment ces langues dans nos services administratifs et judiciaires - au motif qu'elle était incompatible avec l'unité et l'indivisibilité de la communauté légale. Quatorze membres du Conseil de l'Europe ne l'ont pas signée du tout, comme la Belgique, le Portugal, la Grèce ou l'Irlande.
En 1972, Georges Pompidou, Président de la République dit encore :
« il n’y a pas de place pour les langues régionales dans une France destinée à marquer l’Europe de son sceau ». (lien 'langues régionales')
Songez que le Français est langue officielle de l’Union Européenne, mais qu’elle est en cours de marginalisation et que de grandes entreprises françaises pratiquent l’anglais en interne… C’est ‘cool’ ! L’urgence est la défense de la langue française et donc de notre culture, voire de notre identité nationale. Par conséquent, cette volonté d’introduction des langues régionales dans la Constitution n’est pas une simple plaisanterie mais un génocide programmé. LIEN Académie de la Carpette anglaise

Or, le 22 mai 2008, l'amendement de Jean-Luc Warsmann, président de la Commission des lois, a pourtant été adopté à la quasi-unanimité... C'est une décision circonstancielle, démagogique, absurde et dangereuse ! Les ethnicistes mélangent les genres. Les langues régionales ou minoritaires font partie de notre culture. Personne ne peut le nier ou s'y opposer. Mais les introduire dans notre Constitution est dangereux. L'article l est centré sur la notion d'universalité. Introduire de la différence à ce niveau est d'une totale aberration. Pourquoi reconnaître cette particularité-là ? Demain, d'autres demanderont qu'on y fasse figurer la religion ou l'origine ! Et progressivement, on va introduire l'idée qu'il y aurait une définition ethnique possible du peuple français.

L’amendement est certes la manifestation d'une prise de conscience générale de l'intérêt de ces langues régionales dans notre patrimoine. Mais le problème est qu'il ne faut pas en faire un principe institutionnel. C'est une chose d'être croyant ; c'en est une autre de vouloir créer un gouvernement religieux. La décision du 22 mai a mis en valeur la pression d'une Assemblée nationale sous l'influence des communautaristes. Droite et gauche ont cédé à l’ ethnicisme ambiant. En filigrane, le risque, désormais, est de voir resurgir cette fameuse charte des langues minoritaires que le Conseil Constitutionnel a rejetée en 1999. Cette charte était faite pour les minorités linguistiques dans les Balkans, dans les Etats baltes, dans les anciens pays de l'Est, etc. Mais en France, le contexte est radicalement autre, avec tout un appareil législatif protecteur depuis la loi Deixonne LIEN
, en 1951. Elle fut complétée par les lois Toubon (1994, LIEN 'franglais') et Jospin. Outre la rando ou le surf, on peut désormais choisir une de ces langues en option pour le bac. En Corse, les élèves ont droit à trois heures de corse par semaine. Les écoles Diwan enseignent du matin au soir le breton, et le français n'est pas même optionnel. On peut difficilement nous reprocher de faire obstacle à ces langues. Mais lorsqu'en Bretagne le français -langue en voie de disparition- sera une option langue étrangère, appelerons-nous l'Oncle Sam au secours? WWF nous recueillera peut-être...
De plus, parler français a aussi été un mode d'émancipation, notamment pour les femmes. Il serait politiquement incorrect d'ajouter qu'il l'a été pour les peuples colonisés... Ce fut la manière d'éviter l'enfermement dans un 'petit' lieu clos, où l'on devait se marier et mourir comme avaient fait les parents. ('Small is not beautiful', selon le cas) Lorsque François 1er décide, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, d'imposer partout le français, plus populaire que le latin, il libère finalement le serf. C'est le parler commun qui fonde notre liberté, dit ajuste titre Robert Badinter, sans penser que parler 'franglais', puis anglais -'parler commun' du reste du monde-, nous aliène. L'enracinement qu'idéalisent aujourd'hui les urbains était avant tout porteur d'aliénation. Quiconque a vécu dans un village sous l'œil du maire laïc saura de quoi il est question!

Il a fallu autrefois l'école publique pour que la langue s'impose, en mettant en sourdine les langues régionales. Sans réussir à les faire disparaître. Aujourd’hui, le risque politique est bien celui d'un communautarisme officialisé. La France a inventé les droits universels de l'homme. Avec la spécificité commencent l'horreur de l'enfermement, les affrontements sanglants, l'obscurantisme. La langue est un domaine de passion et de culture. Mais aussi un enjeu de pouvoir et de liberté. On doit s'interroger, quand on est républicain, sur l'origine de la charte européenne, par exemple.
Qui l'a proposée au Conseil de l'Europe ? Une commission animée par un groupe composé d'élus eurosceptiques autrichiens, flamands et allemands. Ses origines suspectes devraient mettre en garde tout le monde sur le délire qui consiste à créer un droit particulier pour ceux qui parlent une langue particulière. Tout cela risque finalement d'aller au détriment des langues minoritaires : car, si la charte, à terme, devait être adoptée, demain l'Etat, empêtré dans ses obligations de traductions, n'aura d'autre choix que de dire quelle est la bonne langue bretonne, catalane... Les ethnicistes sont à l'œuvre. Il faut s'opposer à eux au nom de l'unité et de l'indivisibilité de la République française. Je proposerai donc prochainement un amendement de suppression de cet article au Sénat.

Liens intéressants : 'fastoche', 'mollo mollo', etc
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2 commentaires:

  1. Le breton aux Bretons , le basque aux Basques,le ch'ti aux gars du ch'nord,le créole aux Créoles...
    Les Anciens étaient plus intelligents que nous : ils savaient bien que bien parler la langue nationale et bien l'écrire constituaient le fondement d'une ascension sociale.
    Que chaque région ait à coeur de pérpétuer son patois,c'est une chose et même une jolie tradition.
    La domination d'un parler régional sur la langue du pays n'est pas souhaitable.
    Ici, dans l'océan indien, tant de jeunes ne maitrisent pas le français, ils auraient même tendance à le mépriser,résultat : échecs scolaires à répétition, sentiment d'amertume et d'injustice..c'est un comble.

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  2. La situation est la même en métropole, "Anonyme": les élèves ne maîtrisent pas le Français à la sortie du Primaire.

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