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vendredi 31 décembre 2010

Côte d'Ivoire: ingérence de Roland Dumas et Jacques Vergès

Côte d'Ivoire: Laurent Gbagbo recrute deux avocats français pour sa défense

Roland Dumas, un ancien ministre des Affaires Etrangères de François Mitterrand, et l'avocat anti-colonialiste Jacques Vergès vont défendre Laurent Gbagbo.

Le chef d'Etat ivoirien contesté, chéri du PS depuis qu'il s'est déclaré opposant au « père » de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, est président depuis octobre 2000, et en une seule élection présidentielle...
Lors de leur visite jeudi à Abidjan, les avocats ont offert leurs services au président déchu et dévoilé leur stratégie à l'issu d'un entretien avec Gbagbo: feu sur la France et la "fraude".

Arrivés un peu plus d'un mois après l'éclatement de la crise provoquée par Gbagbo qui refuse de céder le pouvoir, l'ex-ministre socialiste et le sulfureux ténor franco-algérien maoïste du barreau ont été reçus pendant environ une heure et demie par L. Gbagbo au palais présidentiel.

Jacques Vergès, 85 ans

A la sortie de cet entretien, l'avocat né d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne,
- proche des sanguinaires Khmers rouges
- et pro-palestinien, connu pour avoir défendu Tarek Aziz, le Premier ministre irakien de Saddam Hussein,
- également le révolutionnaire Carlos, l'auteur d'attentats vénézuélien,
- mais aussi bien Slobodan Milosevic, le dictateur serbe,
ou le nazi Klaus Barbie, « le boucher de Lyon », condamné pour crime contre l'humanité en 1987, a aussi défendu l'homme fort d'Abidjan.

Et l'usurpateur ivoirien "est devenu un symbole" pour Me Vergès, car Laurent Gbagbo " représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s'incline pas ", " et c'est ça qui est intolérable pour les dirigeants français", a estimé devant la presse le père de Françoise Vergès, politologue féministe et militante pour la mémoire de l'esclavage et frère jumeau de Paul Vergès (élu communiste de La Réunion).

Roland Dumas, 88 ans

Cet ex-président du Conseil constitutionnel (1995-2000) nommé par son ami Mitterrand, mais contraint à la démission en 2000 pour sa mise en cause dans l'affaire ELF, et qui est à l'origine d'un avis favorable à l'immunité judiciaire du Président de la République, a expliqué que les deux avocats allaient "s'occuper" de la crise post-électorale. "Nous allons faire un Livre blanc et puis nous allons prendre la défense des autorités en place".

Selon lui, une enquête s'impose y compris pour les crimes et délits de droit commun.
"Plus nous avançons, (...) plus nous savons qu'il y a eu des fraudes au deuxième tour des élections", a-t-il affirmé.
L'ancien ministre reprend le discours du camp Gbagbo et accuse: elles sont survenues "dans des secteurs contrôlés" par Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale des états démocratiques, mais privé de l'essentiel des leviers du pouvoir et retranché dans un hôtel d'Abidjan, malgré sa victoire à la présidentielle.

Outre l'ex-puissance coloniale française, une grande partie de la communauté internationale appelle Laurent Gbagbo, président sortant, proclamé élu par son Conseil constitutionnel, à céder la présidence à son rival, déclaré vainqueur par la commission électorale. La crise post-électorale a été marquée par de graves violences, qui ont fait 179 morts depuis la mi-décembre selon l'ONU.
C'est en s'appuyant sur des pièces détenues par le Conseil constitutionnel installé par Laurent Gbagbo que Me Vergès affirme que son client est victime d'un "coup d'Etat électoral organisé par le représentant de la France et le représentant des Etats-Unis [d'Obama] en Côte d'Ivoire", lesquels auraient, selon lui, "pris par la main le responsable de la Commission électorale indépendante (CEI)"...

Dumas et Vergès stigmatisent l'ONUCI

En fin de journée, par pure compassion, les deux avocats se sont rendus à l'hôpital militaire d'Abidjan auprès des blessés.

Propagande du camp Gbagbo
Roland Dumas et Jacques Vergès étaient conduits par une avocate de Laurent Gbagbo, une militante présidente des "femmes patriotes", Geneviève Bro Grébé.


La télévision d'Etat RTI, contrôlée par le régime Gbagbo, ainsi que des journaux qui lui sont favorables ont affirmé que la patrouille avait tiré sur une foule et blessé des civils.

Les blessés ont été exposés aux caméras et présentés comme des victimes d'une patrouille de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), lors d'un incident mercredi dans le quartier populaire d'Abobo (nord).
Témoin dont L. Gbagbo veut le départ, l'Onuci est accusée d'avoir " poussé le bouchon très loin, jusqu'à aller tirer sur des personnes aux mains nues ", a accusé l'avocate de Gbagbo, promettant des "suites judiciaires".

Une intox

La mission onusienne a réfuté avoir tiré sur la foule et évoqué des tirs de sommation, alors que ses Casques bleus étaient encerclés. Elle a exprimé "son indignation devant les manoeuvres de la RTI destinées à inciter une partie de la population à la haine".

Menaçant, Me Vergès lance une grave accusation contre la France

"Une agression militaire est préparée -de longue date - par la France et les Etats-Unis, afin de placer un gouvernement fantoche en Côte d'Ivoire, comme dans tant d'autres pays où des gouvernements de tirailleurs servent les intérêts français et américains sans mot dire", estime-t-il, plein de haine, dans un entretien à Rue89, le 31 décembre 2010.

Me Vergès promet de déplacer le conflit ivoirien sur le territoire français
" Nous sommes venus à la demande du président Gbagbo, et parce que nous voulions nous informer de la situation pour ensuite agir en France."
Alors que le PS a largement aidé à l'installation de Gbagbo au pouvoir et qu'Henri Emmanuelli, député PS des Landes, continue de le soutenir, "agir en France signifie surtout tenir des conférences de presse et rendre compte de ce nous constatons sur place", annonce Me Vergès.

Devoir de mémoire

Laurent Gbagbo s'est personnellement occupé de faire prodiguer des soins médicaux, aussi bien en France qu'en Côte d'Ivoire, à Mohamed Diawara, ministre ivoirien qui fut mêlé à l'un des plus gros scandales financiers de l'Afrique contemporaine : le détournement de 6,5 milliards de francs CFA au préjudice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Ceao).
A qui ont-ils bien pu profiter au début des années 80 ?

Roland Dumas est un habitué des tribuaux

- Décembre 1997: affaires ELF et des frégates de Taïwan
La juge Eva Joly découvre la commission de 45 millions de francs versée par Alfred Sirven depuis les fonds d’Elf. Puis, grâce à une dénonciation anonyme, elle comprend que celle-ci est revenue à la maîtresse de l'ancien ministre de Mitterrand (mort en 1995), Christine Deviers-Joncour. Janvier 2003, Christine Deviers-Joncour est condamnée à 18 mois de prison ferme et 12 avec sursis, Loïk Le Floch-Prigent et Alfred Sirven sont condamnés à trois ans d’emprisonnement ferme, mais la Cour d'appel de Paris relaxe Roland Dumas.

- Roland Dumas a été condamné, de manière définitive, à douze mois d'emprisonnement avec sursis et 150 000 euros d'amende pour complicité d'abus de confiance, dans le cadre de la succession du sculpteur Alberto Giacometti, la Cour de cassation ayant rejeté son pourvoi le 10 mai 2007.

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