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jeudi 17 mars 2011

Espèce non protégée, le Gaulois est en voie d'extinction

Une sénatrice UMP propose l'éradication des Gaulois

La rédaction d'un manuel franco-africain, telle est l'effarante proposition de Fabienne Keller, ex-maire UMP de Strasbourg que les Alsaciens ont chassée, mais qui a encore droit à un fauteuil UMP au Palais du Luxembourg.

Son rapport rendu public mercredi matin est intitulé
L'avenir des années collège dans les quartiers difficiles: elle vise les "souchiens" et y préconise l'euthanasie des têtes blondes, sans espoir de contenter à la fois les Maghrébins et les Noirs du Sénégal ou du Burundi, en passant par le Mali.
Quel serait le traitement réservé au Soudan ou à la Guinée ?

En préambule, le rapport démarre fort, avec une interprétation douteuse de chiffres incertains mais têtus.
La collation de chiffres confidentiels sur la population immigrée donne lieu à des conclusions dans l'air du temps...
Par exemple, le quartier des Bosquets à Montfermeil compte 44 % de jeunes de moins de 20 ans. En moyenne, ces quartiers connaissent un taux de chômage de plus de 40 % et 29 % de leurs habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. À Clichy-sous-Bois, selon la démographe (INED) Michèle Tribalat (dont les travaux sont souvent des collaborations avec l'ambigü conseiller du CRIF, Pierre-André Taguieff), citée par Fabienne Keller, la proportion des jeunes de moins de 18 ans d'origine étrangère (1) est passée de 22 % en 1968 à 76 % en 2005, sur deux générations. Dans le même temps, leur nombre n'aurait-il pas cru dans des proportions supérieures ? Il faut dire que la sénatrice est tombée sous la coupe de sociologues peu suspects de sympathies droitières (Didier Lapeyronnie, Gilles Kepel, Eric Maurin, ou le philosophe Vincent Cespèdes).

Pour enrayer ce que la pensée unique qualifie de "spirale de la ghettoïsation", consacrant l'association marxiste inéluctable de la paupérisation et de la violence, la sénatrice préconise en premier lieu de participer à leur non-intégration par un travail sur la mémoire de ces jeunes collégiens français. L'Education nationale, en effet, n'a plus aucune ambition et ne jiue donc plus son rôle de facilitatrice d'intégration à la communauté nationale, quand d'ailleurs elle ne l'entrave pas, dans son enseignement, ses ouvrages scolaires orientés et la formation de ses transmetteurs, dans ses nombreuses manifestations syndicales professionnelles et dans la participation et l'encadrement anonymes des fonctionnaires de l'Etat aux associations, tel RESF, par exemple, et à leurs actions politiques radicales de rébellion.
Outre une politique éducative plus large, le rapport énumère toutefois une vingtaine de "leviers d'action" mais peu innovants qui portent à la fois sur la politique de la ville et la "rénovation urbaine". Exemple de manipulation: ce qui se dit et se colporte devient réalité plausible. A propos des stages de classe de troisième et la proposition de leur conférer, avec l'aide d'associations d'étudiants (FIDL ou l'UNL, socialistes l'une et l'autre !) plus de mobilité géographique, afin qu'ils cessent d'être "le miroir de l'enfermement des quartiers": la sénatrice tombe dans le panneau de la fatalité d'un stage d'entreprise au "kebab" du quartier et prend cette caricature au sérieux.


Fabienne Keller peut aisément observer que, "nés en France, mais vivant dans des références qui sont liées à des pays dans lesquels ils n'ont pas vécu, ces jeunes ont un problème personnel d'identité". D'où sa proposition : "Écrire une histoire commune serait un premier pas dans la construction d'un vivre-ensemble." Vivre ensemble ou co-habiter ? Partager une culture hybride dans laquelle personne ne se reconnaît pleinement ? Il fallait bien être polytechnicienne pour battre les énarques sur leur terrain et régler le problème identitaire d'une minorité en déconstruisant les repères nationaux de la majorité ...

Son stimulus: la peur ! Sa solution: le renoncement. La rédactrice de la pensée des démographes et sociologues s'est laissée convaincre que la puissance publique est impuissante à se maintenir face à la menace d'une "contre-société" prise en main par des réseaux mafieux ou extrémistes. Bien que ce comportement défaitiste soit le rappel douloureux d'un passé que l'on croyait révolu, cédons du terrain aux mafia et aux extrêmes, sans combattre...
Ses propositions sont une nouvelle ligne Maginot: les performances du modèle ne l'ont pas dissuadée de céder aux mêmes illusions.

Fabienne Keller humilie les immigrés du sud de la Méditerranée

Si elle était prise au sérieux, cette hallucinante proposition ne rendrait service à aucun Français, ni Ancien, ni Moderne mais, dans cette querelle, il ne fait pas de doute qu'elle recevrait le soutien de la gauche dite républicaine.

Réécrivons donc notre Histoire de France
, suggère la sénatrice et capitaine de corvette de réserve, une UMP reconditionnée par Michèle Tribalat, en sorte qu'elle convienne aux immigrés: ce qui n'avait pas été nécessaire aux immigrés européens le deviendrait aux Africains. Ne serait-ce pas une indécente stigmatisation de leur capacité d'adaptation ?

Qu'en pensent donc la LDH (ligue des droits de l'homme), le MRAP et le CRIF et les autres ? Leur silence concerté serait une complicité suspecte de l'égarement de Fabienne Keller.

Croyez-vous que les sociétés d'historiens vont manifester leur indignation face à cette falsification annoncée de la vérité historique ? Rien n'est évidemment moins sûr.
A étudier l'Histoire de France revisitée à l'usage de la diversité, les Européens ne risqueraient-ils pas de bientôt se sentir étrangers en Europe ?

Fabienne Keller : "Ich bin ein Afrikan !

Est-ce la bonne méthode pour reconquérir la mairie de Strasbourg ?

  • Mme la sénatrice réitère une mauvaise action commise précédemment: un manuel d'histoire franco-allemand a en effet vu le jour il y a quelques années sans susciter la moindre polémique. Signe éclatant de la réconciliation, les historiens de part et d'autre du Rhin ont su rédiger d'une même plume un unique récit de l'histoire des relations entre nos deux pays. Détail de l'histoire, s'il a bien failli s'agir d'occupation et de conquête, il ne s'agissait pas d'immigration. Mais est-ce à dire que la différence est bien mince et simplement provisoire?
  • Autre précédent, la compilation du socialiste Benjamin Stora, qui a bâti sa carrière sur le conflit franco-algérien. Il a produit avec Mohammed Harbi un livre La guerre d'Algérie, paru en 2004, mais il s'agissait de la juxtaposition de contributions très différentes d'historiens français et algériens : un manuel de réconciliation qui flatte le FLN et nos amis algériens.
  • Stora est d'accord pour opposer, mais non pour rassembler. "Un récit unique, non, ça, vraiment, je ne vois pas, déclare Benjamin Stora. Les conceptions sont trop diamétralement divergentes, et à ma connaissance, les intellectuels africains ne sont pas prêts au compromis. Ils ont une vision totalement négative de la colonisation, et la tendance est au ressourcement identitaire contre l'ancienne puissance coloniale. Évidemment, je comprends cette proposition et je la préfère au discours de repli sur l'histoire nationale et au refus des étrangers. Mais elle me paraît irréaliste," sanctionne Stora.

    L'idée d'un manuel franco-africain d'histoire sur mesure ne le choquerait quère au fond, puisque les régimes totalitaires ont pratiqué des relectures des faits historiques. Mais l'Education nationale française n'aspire-t-elle donc qu'à passer sous le préau des méthodes de la FSU, avec la collaboration de l'UMP ?

    Que les cicatrices ne soient pas refermées, là n'est pas le problème.
    Mais alimenter les différences, cultiver le resentiment et entretenir la haine n'ont jamais conduit à la réconciliation. Le renoncement français ne serait pas facteur d'intégration, mais de mépris.

    Nous refusons le mépris de qui que ce soit.


    (1) ayant au moins un parent né hors de France.

    Le candidat de la majorité à la cantonale du Neudorf, Jean-Claude Bader, devra assumer ce rapport Keller...

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