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mercredi 17 octobre 2012

Cinq mois de Hollande et de gouvernement cacophonique

Une suite sans fin de "couacs" et de recadrages


"Il y a quelques erreurs, c'est vrai, et il faut les reprendre"


Le gouvernement Ayrault ressemble à une réunion d'Europe Ecologie-les Verts dans un train fantôme

Jean-Marc Ayrault, le premier ministre virtuel de Hollande, l'a admis mardi 16 octobre, à propos des dysfonctionnements de son gouvernement du changement. Tirant sans cesse les oreilles de ses ministres, le professeur logé à Matignon a ajouté, sur Europe 1, à leur attention : "On n'est pas là pour se faire de la publicité pour soi-même, on n'est pas là pour faire des débats de société, on est là pour défendre son ministère (...) et la politique du gouvernement." Il se pose un peu là !

Près de cinq mois après sa nomination, Z-Ayrault est pointé pour son manque d'autorité et de réactivité. Les "couacs" partent de partout au fond de son gouvernement et le professeur d'allemand, c'est "normal",  est accusé de ne pas tenir sa classe
Lire l'article de Le Monde: Au gouvernement, les couacs s'accumulent depuis cinq mois (seulement accessible aux riches abonnés du journal socialiste)

Le 2 septembre, le premier ministre rappelait déjà qui est le chef
Il avait en effet déjà dû effectuer un recadrage en règle des membres du gouvernement, intervenant après trois mois émaillés de conflits, petits et grands, entre plusieurs ministres. "Si ça devait continuer, je dirais que chacun devra prendre ses responsabilités. C'est clair, c'est net", affirmait-il alors, dans un mouvement de menton. Mais depuis, les agités, épris de pouvoir, se sont vu pousser des ailes... 

Revue de détails des désaccords qui se sont multipliés ces dernières semaines, avant même que le projet de loi de finances (PLF) pour 2013  ne soit débattu en séance publique à l'Assemblée nationale.

Redevance audiovisuelle : Cahuzac mouché 

Le premier ministre a déclaré mardi sur Europe 1 que la contribution à l'audiovisuel public ne sera pas étendue aux résidences secondaires. Non, mais ! Un recadrage en règle du ministre délégué au budget, le sympathique Jérôme Cahuzac, qui , haut et fort, s'était dit "favorable" à cette extension de la redevance, proposée par les députés PS et qui aurait rapporté quelque 110 millions d'euros en 2013.

"Non, ce n'est pas la position du gouvernement", a soutenu Ayrault. "Le gouvernement est favorable à cet amendement parlementaire, d'origine parlementaire", avait pourtant affirmé dimanche le très cassant Cahuzac.
Lire Le Monde si on en a les moyens:  Ayrault désavoue Cahuzac sur la redevance audiovisuelle (zone de non-droit pour les non-abonnés)

Mariage homo : coup sur le bec de Touraine

Ayrault a répété mardi que le projet de loi sur le mariage de personnes du même sexe se limitera à l'adoption pour les couples homosexuels, tout en reconnaissant que "le débat parlementaire" aurait lieu ensuite: c'est la concertation socialiste ! "Le projet du gouvernement, celui qui sera présenté en conseil des ministres par Christiane Taubira [le 31 octobre], c'est à la fois le mariage pour tous et l'adoption. Et il sera limité à cette proposition", a déclaré le Chef.

Or, dimanche, la ministresse de la Santé et des affaires sociales, Marisol Touraine s'était déclarée "personnellement favorable" à  la procréation médicalement assistée (PMA) accessible à tous. Cette dernière, qui fait figure de rivale pour la succession à Matignon et qui avait critiqué ouvertement la discrétion estivale de son professeur Ayrault, avait en fait soutenu l'initiative du chef de file des députés PS frondeurs. Bruno Le Roux avait clamé vendredi qu'il souhaite voir déposer un amendement sur la PMA dans le projet sur le mariage homosexuel. Il avait alors cru qu'il était le chef au Palais Bourbon.

Cannabis : Peillon et Duflot appelés au sevrage


Pourquoi Peillon
est-il donc 
en pétard ?
Panne de gel ?



Ayrault a confirmé mardi avoir rappelé à l'ordre le ministre de l'Education, Vincent Peillon, qui a suscité un tollé à droite et a mis la majorité dans l'embarras en se déclarant dimanche en faveur d'un débat sur la dépénalisation du cannabis pour lutter contre les trafics dans les cités. Le président Hollande et le premier ministre sont pourtant opposés à tout infléchissement de la législation."Vincent Peillon m'a appelé hier matin pour reconnaître son erreur parce qu'il a fait effectivement une erreur. (...) Les choses sont rentrées dans l'ordre. Maintenant tout le monde est au travail", a assuré le premier ministre.

"Les ministres ont à se concentrer sur la mission qui est la leur. (...) Et rien d'autre, nous ne sommes pas des commentateurs", avait-il déjà lancé sèchement la veille: silence dans les rangs !
"Très colère" après cette énième expression divergente de l'un de ses ministres, François Hollande, président de la "gauche molle" incohérente, avait demandé à Ayrault, lundi matin, "de faire respecter l'ordre au sein du gouvernement".
Lire (si possible) Le Monde : L'embarrassante sortie de route de Vincent Peillon sur le cannabis (zone VIP des abonnés)

Simple épisode d'un interminable feuilleton... 
S'exprimant en tant que secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, la ministre azimutée du Logement, Cécile Duflot, avait - elle aussi- défendu début juin la légalisation du cannabis : un défi à F. Hollande qui s'y était déclaré opposé pendant la campagne présidentielle. Les propos de la ministre avait échauffé les oreilles de l'adjudant-chef Ayrault, qui avait affecté le mépris, affirmant qu'elle s'était engagée à titre personnel. Le chef de l'Etat avait alors rappelé qu'il restait hostile au projet évoqué par Duflot, qui n'a pas demandé son reste.

Education : Peillon, humilié 

En cinq mois, c'est la troisième fois que Son Excellence Vincent Peillon se fait recadrer par le chef du gouvernement. 

1 - Le 17 mai, jour de son entrée au ministère de l'Education, il avait annoncé de manière intempestive le retour de la semaine de cinq jours à l'école pour la rentrée 2013, alors même que le Premier ministre virtuel avait demandé à ses troupes discrétion et cohésion. Ayrault l'avait recadré fermement, rappelant qu' "il y aura une concertation (...) avec tous ceux qui ont leur mot à dire et puis (...) il y aura un arbitrage, JE le prendrai, pour que l'objectif principal soit respecté".

2 - Un mois plus tard, V. Peillon avait récidivé, en promettant l'allongement à deux semaines des vacances de Toussaint. Et une fois encore, Ayrault avait fait baisser la température de son ministre. 
Voyez la chance que vous avez de lire Le Monde: Le professeur Ayrault reprend une nouvelle fois l'élève Peillon

3 - Fin septembre, Peillon a aussi annoncé le recrutement de 40 000 enseignants dès 2013. Cela en opposition avec les consignes de F. Hollande, qui avait demandé à ses ministres de ne pas faire d'annonces budgétaires avant le vote du projet de loi de finances pour 2013.
Les privilégiés peuvent lire : Vincent Peillon, un habitué de l'annonce choc

Contrôles d'identité et droit de vote aux étrangers : Valls s'impose

"Convaincu" par son ministre de l'intérieur, Manuel Valls,  Ayrault a entériné le 28 septembre l'abandon de récépissé après contrôle d'identité. Le 30e "engagement pour la France" du candidat Hollande pour lutter "contre le délit de faciès dans les contrôles d'identité par une procédure respectueuse des citoyens" n'évoquait pas explicitement les récépissés. 
Mais le 1er juin, le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait semblé ouvrir la voie à ce dispositif du "reçu", expliquant qu'il s'agissait d'un"engagement" de campagne du président Hollande. Mais Manu Valls a fait part de son scepticisme à plusieurs reprises...

Le 17 septembre, le soliste de la place Beauvau a également fait entendre sa petite musique sur le droit de vote des étrangers aux élections locales. Alors que 77 députés de la majorité lançaient, dans les colonnes du Monde, un appel à François Hollande pour qu'il n'oublie pas de faire appliquer cette promesse de campagne, Valls a assuré que cette mesure, promise par la gauche depuis trente ans, n'est pas "une revendication forte de la société française". "Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration", avait-il lancé.

Banque des PME : Moscovici et Montebourg priés de se calmer

Un autre "tandem" a défié Ayrault : l'attelage entre Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Pierre Moscovici, ministre de l'économie. Le 2 septembre, le premier ministre a rappelé à leur devoir de discrétion les deux ministres, qui se sont livrés à un bras de fer sur la Banque publique d'investissement (BPI), sur fond de soupçons de conflit d'intérêts en faveur de la concubine Pulvar. Cause de cette tension : le choix de désigner la banque Lazard comme conseil du gouvernement pour créer la future BPI qui sera chargée de financer les entreprises.

Les deux ministres ont démenti tout coup bas et abus de pouvoir, mais Nono Montebourg a critiqué ce choix sur le fond. P. Moscovici avait réagi en marquant son territoire, affirmant que le dossier lui revenait à lui seul, et que c'était lui qui prenait les décisions, assurant au Monde que le choix de cette banque est issu d'un appel d'offres. Et ajoute, à destination de Montebourg : "Quand on appartient à un gouvernement, il vaut mieux la jouer solidaire". M. Ayrault, qui avait recadré M. Montebourg, était apparemment du même avis.
Dommage, peut-être, que nous ne puissions pas tous lire dans Le Monde: Banque des PME : Moscovici recadre Montebourg

Nucléaire : Montebourg recadré 

Fin août, Jean-Marc Ayrault avait dû déjà rappeler à l'ordre Arnaud Montebourg, qui avait suscité la colère des écologistes en déclarant le 26 août qu'il ne faut pas"abandonner le nucléaire", qui "est une filière d'avenir". Le gouvernement prévoit pourtant de réduire l'énergie produite par le nucléaire de 75 à 50 %.

Invité sur France 2, le premier ministre a démenti tout changement de cap : "J'ai parlé avec Arnaud Montebourg et la position du gouvernement, elle est très claire : ce sont les engagements que le président de la République a pris devant les Français, c'est le mix énergétique."

Z-Ayrault avait rappelé qu'il s'agissait de faire passer d'ici à 2025 la part de l'électricité produite par le nucléaire "de 75 % à 50 %" en développant les économies d'énergie et les énergies renouvelables. Prié de dire s'il avait recadré M. Montebourg, le premier ministre avait répondu : "Je lui ai rappelé la position du gouvernement, il en a parfaitement convenu".

Forages en Guyane : Nicole Bricq limogée 

Le 14 juin, la ministre de l'écologie et de l'énergie, Nicole Bricq, a annonçait qu'elle souhaite une "remise à plat" complète des permis d'exploration pétrolière, qui autorisent les compagnies à pratiquer des forages, en attendant une réforme du code minier. Une décision qui contrarie fortement plusieurs compagnies, dont Shell, qui avait plusieurs forages prévus pour l'été.

Mais la ministre est rapidement désavouée. Les parlementaires guyanais font pression pour que les forages aient lieu. Le lendemain de sa décision, son ministère annonce qu'il n'est "pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel". Tollé chez les écologistes et dans les associations, qui dénoncent une volte-face. A l'issue des législatives, Mme Bricq perd son portefeuille, qui va à Delphine Batho. Une occasion de défaire le tandem que constituait cette dernière avec la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, et qui ne fonctionnait pas du tout, selon plusieurs échos de presse.Mutualisez vos ressources pour lire Le Monde: Comment le pétrole de la Guyane a eu raison de la ministre de l'écologie

Financement de la télé publique : Filipetti et Cahuzac remis en place 

Autre rivalité entre membres du gouvernement: celle entre Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, qui n'a de cesse de s'opposer à son homologue du budget, Jérôme Cahuzac. Dès les débuts du gouvernement, la ministre se heurte à la rigueur budgétaire imposée par   Cahuzac, un psycho-rigide à forte poitrine  fort ego, qui lui refuse toute rallonge budgétaire.

La première tension survient alors que le gouvernement réfléchit à rétablir la publicité à la télévision publique, supprimée par Nicolas Sarkozy au prix d'une perte de recettes forte, mais contraignant à une gestion rigoureuse. Pour retrouver des financements sans remettre en place les écrans publicitaires, Aurélie Filippetti évoque début juillet la possibilité d'une taxe sur les écrans d'ordinateur pour financer le service public. Hors de question, trancha J. Cahuzac. 
Après d'autres échanges dans les media entre les deux ministres, il avait finalement fallu l'intervention de Jean-Marc Ayrault – qui avait demandé à ses ministres de "garder [leur] calme" –  et d'enterrer la hache de guerre.
Les défavorisés peuvent en faire leur deuil. L'article de Le Monde est discriminatoire et s'adresse aux riches : Ayrault rappelle ses ministres à l'ordre sur la télévision publique

Mais qui n'a pas donc pas encore été envoyé au coin ?

Est-ce parce qu'il a déjà les oreilles décollées, que Benoît Hamon se les protège ? Tout de même, comment occupe-t-il son temps ? 
Si le ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire et à la Consommation est désoeuvré, il va falloir que le Chef du gouvernement fasse pointer ses membres et les passe tous aux  35 heures.

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