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lundi 9 février 2015

Des tirs contre des policiers brouillent la propagande sécuritaire du Premier ministre

Manuel Valls était venu lundi annoncer des résultats, selon lui, "encourageants", en matière de ... sécurité
Des rafales de kalachnikov pour la venue de Manuel Valls
ont nécessité le bouclage de Castellane, dans les quartiers nord de Marseille
"Ces tirs sont inacceptables", a tonné Manuel Valls à la conférence de presse de la préfecture, quelques heures après la fusillade survenue à La Castellane, cité emblématique de la drogue dans les quartiers nord.
Appelés le matin pour des tirs de kalachnikov en l'air, des hommes du GIPN sont entrés vers midi à bord d'un véhicule blindé dans ce quartier populaire, haut lieu du trafic de stupéfiants. Les premiers tirs ont été suivis d'autres coups de feu, visant les forces de l'ordre: "Nous avons été 'rafalés' à notre arrivée sur place", a expliqué le directeur de la sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel, à bord d'une des trois voitures prises pour cible. Les tirs n'ont fait aucun blessé.
L'ancien ministre de l'Intérieur a commencé la journée au côté des forces de l'ordre, se vantant que le "gouvernement est lucide sur la situation" et admettant que "les événements de ce (lundi) matin à La Castellane en sont évidemment une démonstration". Car le Premier ministre a eu droit à une comité d'accueil très spécial et il n'a pas dissimulé sa colère.


Le chef du gouvernement n'a pas pu ignorer la fusillade qui a justifié l'évacuation des enfants des écoles et le confinement des habitants par d'importants effectifs, dont un hélicoptère, Venu présenter le bilan de l'action des forces de l'ordre, le Premier ministre s'est montré à plusieurs reprises agacé par les media qui, selon lui, auraient accordé trop d'importance à la fusillade. 
Valls a tenté de retourner à son avantage ce défi à son autorité. 
Selon lui, la manière dont ont répondu les forces de l'ordre ne ferait qu'illustrer l'efficacité de la méthode employée à Marseille : "Il y a peu de temps, on n'aurait pas pu intervenir aussi rapidement", a-t-il assuré. Les semaines précédentes, les forces de polices n'étaient pas sur le pied de guerre pour sa venue... 
Il a également loué "l'approche globale", qui associe sur le long terme présence des forces de l'ordre à un volet social. "Cette approche nous allons la poursuivre", a-t-il affirmé.
Dans le cadre des opérations de police qui ont suivi les tirs en rafales, une cache d'armes a été découverte dans un appartement, a affirmé la police. Sept kalachnikovs auraient été trouvées, ainsi que "plusieurs kilos de drogue" et enfin la voiture des tireurs, a précisé Bernard Cazeneuve, qui accompagnait Valls. Mais le ministre de l'Intérieur n'a pas été en mesure de préciser qui est propriétaire de cet appartement et de cette voiture... Manuel Valls avait ouvert son séjour en PACA en se rendant au site mémorial du Camp de déportation des Milles, à Aix-en-Provence, où il a promis, devant de jeunes élèves d'établissements d'éducation prioritaire, de "tout faire" pour "casser les ghettos" en France. "Ces murs, qui sont souvent dans les têtes, c'est une priorité. Cela fait 30 ans qu'on fait ça; tous les gouvernements l'ont fait avec la même bonne volonté. Mais on sent bien maintenant qu'il faut passer à un autre stade, sinon tout va exploser", a dramatisé Manuel Valls.

Valls a multiplié les gestes en direction de la communauté musulmane

Au fond, Mennucci colle au train...
Dans un entretien à La Provence publié en préambule à sa venue, le Premier ministre n'avait pas craint le paradoxe: il s'était en effet félicité d'un "recul significatif de la délinquance" dans une ville certes en mutation sous la gouvernance du sénateur-maire Jean-Claude Gaudin, mais encore pointée sur les questions sécuritaires par la presse parisienne. Mal à propos au regard de la fusillade, le locataire de Matignon a notamment cité une baisse de 30% des vols à main armée en deux ans et une diminution de 20% des violences physiques contre les personnes. 


Dans l'après-midi, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se sont montrés dans le quartier cosmopolite de Noailles, au centre-ville de Marseille. Au milieu d'une foule grouillante, Valls s'est laissé interpeller par un passant: "Il n'y a pas beaucoup de blancos ici, hein!". La remarque a fait sourire le Premier ministre, également salué de slogans pro-palestiniens.

Le Premier ministre, qui souhaite s'attaquer aux "caricatures" et aux "raccourcis", a choisi d'instrumentaliser Marseille pour étendre son message au-delà de la sécurité. "Marseille doit faire l'objet de la plus grande attention de la part de l'Etat", selon le chef du gouvernement, qui promet "encore plus de moyens à Marseille, notamment pour l'école, la vie associative, le développement économique et l'emploi". En fin d'après-midi, Manuel Valls s'est décidé à rendre visite au sénateur-maire UMP de Marseille. 

Le Premier ministre en a profité pour s'accaparer le "sens du projet métropolitain" auquel, depuis des années, est attaché Jean-Claude Gaudin qui travaille à l'association de Marseille et d'Aix-en-Provence. 

Dans la soirée, le Premier ministre a visité l'espace multiculturel de la Friche-Belle de Mai, où il a notamment vu une exposition d'hommage à... Charlie Hebdo, avec des dizaines d'anciennes Unes de l'hebdomadaire. "Les événements de janvier nous ont peut-être fait perdre une part de notre insouciance. Mais ils ne doivent pas nous faire perdre notre impertinence", a-t-il déclaré, dans un discours prononcé dans cette ancienne usine Seita, où il a rendu hommage à la culture populaire. 

Ainsi, sans pudeur, Valls s'est-il approprié les tirs de kalachnikov contre le journal provocateur des croyants musulmans, histoire de boucler sa journée marseillaise comme elle avait commencé.

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