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mardi 1 mars 2016

Réforme du code du travail: "petit zizi" se dégonfle et se rétracte

Le gouvernement réformiste recule et reporte sa loi travail 

Qualifié de "pantin, petit zizi", trouillard" au Salon de l’Agriculture, Valls reporte en effet le débat parlementaire de quinze jours

"Le gouvernement se donne deux semaines supplémentaires pour revoir sa copie," raconte Le Monde ! Manuel Valls, le premier ministre, a annoncé, lundi 29 février, que la présentation du projet de loi réformant le code du travail qu'il fait porter par El Khomri sera reportée d’une "quinzaine de jours". Le texte, pourfendu par les syndicats et une partie de la gauche, y compris dans le parti présidentiel, sera présenté en conseil des ministres le 24 mars, et non le 9 mars comme prévu. Cela ne "change pas grand-chose par rapport au calendrier parlementaire initial", mais c'est le premier ministre qui l'assure. Rien ne presse.

Valls a même assuré être ouvert à la discussion pour "corriger ce qui doit l’être".
Il s’exprimait au Salon de l’agriculture :
Il admet que ce qu'il n'a pas fait avant, il le fera finalement sous la pression, tout en accusant ses adversaires de ne comprendre rien à rien : "Il faut lever un certain nombre d’incompréhensions, il faut expliquer, répondre à toute une série de fausses informations qui sont données sur ce texte." Manuel Valls est un incompris.

Valls tente de donner le sentiment qu'il maîtrise encore la situation

Mais "petit zizi" n'a pas grand chose en main.
Les agriculteurs l'ont souligné au Salon International de l'Agriculture:

Valls veut "se réserver la possibilité de changer [le texte] si besoin était", a commenté le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Le premier ministre a toutefois nié tout recul : "Le recul, ce serait abandonner le texte." Ce report vise à "faire bouger le texte sans revenir sur ses grands principes", faisaient savoir plus tôt des sources gouvernementales anonymes.

Valls a dit qu’il consultera "l’ensemble des partenaires sociaux, organisations syndicales et organisations patronales, les unes après les autres", à partir de la semaine prochaine. Il a précisé qu’il s’agira ensuite de "pouvoir les réunir", avec Myriam El Khomri, la ministre du Travail, et Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, "pour restituer le débat". Ainsi, Valls ne serait responsable d'aucun blocage...   

L’annonce du report du projet de loi va permettre des discussions pour "obtenir des avancées", s’est aussi félicitée lundi soir Corinne Narassiguin, porte-parole du PS, citant quelques "points de crispation très clairs" dans le projet de loi, comme sur la question des licenciements économiques ou la question du plafonnement des indemnités aux prud’hommes. "Sur ces questions-là, nous devons avancer, mais ce n’est pas parce qu’il y a certains points qui ont besoin d’être améliorés qu’il faut décider que l’on doit retirer le projet tout entier", a argumenté la porte-parole.

Elle a par ailleurs précisé que la ministre du Travail sera reçue mercredi par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et interviendra devant le Conseil national du PS lundi prochain. Mais, la mère-porteuse du projet a eu un malaise mardi, la veille, alors qu'une rencontre avec Jean-Claude Mailly (FO) était également inscrite à son agenda.
La Loi El Khomri est morte, vive la Loi... quoi ?

Valls ne se croyait pas si petit
Le gouvernement tente une nouvelle embrouille. Lundi, il a en effet gommé la référence libérale dans l’intitulé du texte. Le Monde, organe officieux du PS, y a vu le"signe d’un infléchissement", du même ordre, sans doute, que le "redressement de la courbe du chômage". Le "projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs" devient ainsi, dans un communiqué diffusé par Matignon, "avant-projet de loi sur les nouvelles protections pour les entreprises et les salariés"
"Le Gouvernement souhaite que la cohérence, l’ambition et l’équilibre de ce projet puissent être partagés par le plus grand nombre et que le débat public se noue sur les enjeux de fond et sur la réalité de ce que ce texte contiendra," lit-on dans la déclaration gouvernementale. 
On le voit, ce document de communicants attache moins d'importance au contenu qu'à la rhétorique et ainsi le mot "actifs "disparaît-il donc aussi, au profit de "salariés", plus marqué à gauche.

La nouvelle posture de Valls sur la méthode révèle surtout sa fragilisation. Jusqu’à présent, l’exécutif avait en effet opté pour un discours de fermeté extrême. Un entretien de la ministre du travail aux Echos, le 17 février, avait mis le feu aux poudres. "Nous prendrons nos responsabilités", avait déclaré M. El Khomri, interrogée sur un possible recours à l’article 49-3 (adoption d’un texte sans vote parlementaire, sauf motion de censure) pour faire passer ce texte en force, comme ce fut déjà le cas pour la loi Macron en 2015.

Pourquoi cet "infléchissement", cette "nouvelle posture" et ce "changement de ton," vantés par Le Monde ?
C'est que la menace d'un nouveau coup de force, avant même le dépôt du projet de loi au Parlement, avait suscité une forte opposition au sein du Parti socialiste, déjà fortement divisé sur le vote de la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande, et comprenant la déchéance de nationalité pour les auteurs de crimes et délits terroristes.
Dans une tribune très critique, publiée le 24 février par Le Monde, Martine Aubry avait dénoncé un "affaiblissement de la France" et d'"impasse" auxquels mènerait la politique de Hollande et Valls. Le premier ministre était au passage pointé pour son "indécent discours de Munich", dans lequel il avait critiqué la politique d’Angela Merkel envers les réfugiés.

Fait inédit depuis 2013, le projet a rassemblé une dizaine d’organisations contre lui 

Sur le front syndical, ce "petit report" (Le Monde) avant la présentation en Conseil des ministres avait été réclamé dimanche par Laurent Berger (CFDT). "Il faut repartir sur une concertation", avait prôné ce syndicat proche du PS, peu satisfait d’un texte que les syndicats accusent de laisser trop de place à la "flexibilité" et aux décisions "unilatérales de l’employeur", au détriment des salariés. "Les points avancés par Berger sont à prendre en compte", jugeait lundi matin une "source gouvernementale" inconnue.

Une intersyndicale d’une dizaine d’organisations  a dénoncé "un projet élaboré sans réelle concertation"
Elle réunit la CFDT, Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), Confédération générale du travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), union syndicale Solidaires (SUD), Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), Union nationale des étudiants de France (UNEF), Union nationale lycéenne (UNL, qui n'est pas un "syndicat") et Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL, qui n'est pas non plus un syndicat) –
Une pétition en ligne avait recueilli plus de 785.000 signatures, lundi après-midi, contre ce projet de loi .

"La réforme doit rester très ambitieuse," insistent les créateurs d'emploi

De leur côté, les organisations patronales ont estimé lundi que le report de la présentation du projet de loi sur le travail va permettre de "faire de la pédagogie", mais les syndicats patronaux ont procédé à la mise en garde du gouvernement contre tout "affadissement" du texte sous la pression d'une "fronde" d’une partie de la gauche. "La réforme doit rester très ambitieuse", a exhorté un porte-parole du Medef, principal syndicat patronal.

Un message relayé par François Asselin, numéro un de la CGPME, organisation représentant les petites et moyennes entreprises, qui a dit sa crainte d'un retour en arrière". "A force de vouloir faire de la France un eldorado social, on va en faire un désert économique", a-t-il regretté.

Le "p'tit zizi" se dégonfle
Le parti Les Républicains estime qu’avec ce report "on assiste à l’implosion en direct de la majorité". "On verra si un texte est présenté [au Parlement], on est très désireux de discuter de ce projet article après article", a déclaré lundi Guillaume Larrivé, porte-parole du parti. Selon lui, "il y a urgence à modifier les paramètres du droit du travail pour permettre aux entreprises d’embaucher plus facilement"
Les Républicains sont "favorables au principe de la loi El Khomri", mais souhaitent aller "plus loin", a rappelé Eric Woerth, le secrétaire général du parti.

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