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dimanche 2 juillet 2017

Mélenchon, Ruffin et les Sans-cravates: une fronde au-delà du "t'as le look, coco"

Le monarque républicain prend au sérieux ses "sans-culottes"

Dès l'ouverture de la nouvelle législature, les députés de La France insoumise ont choisi la provocation
La presse évite de mentionner le poing levé du député F. Ruffin,
en pleine séance de l'Assemblée

Sans-cravates, ils s'affichent en nouveaux Sans-culottes. 
Plus qu'une provocation, c'est un message politique lourd de sens et de menace... Un homme seul, en chemise blanche ouverte, se tient obstinément assis, tandis que la plupart des autres autour de lui, saluent l'accession de leur pair au Perchoir, mardi après-midi, au Palais Bourbon. 
Candidat unique - fait du prince et fronde de l'opposition -  François de Rugy vient d'être élu président de l'Assemblée et les députés se lèvent par courtoisie, ainsi que le veut la tradition républicaine. Tous, sauf le rebelle François Ruffin, député La France Insoumise, qui fait mine de consulter son iPhone. L'image marque logiquement les esprits, puisqu'elle a été pensée pour choquer, pour marquer une rupture républicaine. Les chaînes d'information en continu s'emparent de la scène en salivant devant l'aubaine et l'assurance d'occuper l'antenne à moindre frais, mais les commentateurs n'y voient qu'un épiphénomène, un geste de potache en révolte, sans en saisir la portée.

Sans cravate à l'Assemblée nationale, François Ruffin (LFI), 

défie les règles de la République
Première manifestation officielle des "sans-cravates", premier défi lancé au pouvoir
Le message lancé par Ruffin n'était pas une simple provocation comme l'homme de communication nous y a accoutumé. Suivi par les autres députés de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon en tête de cette cohorte de dix-sept au total, le mal-élevé n'a pas seulement délibérément froissé les us et coutumes du Palais Bourbon, le haineux a déterré la hache de guerre sociale. 
Ruffin refuse de se compromettre plus longtemps avec un monde qu'il honnit. Il n'en est pas, il le dit et prévient que les dix-sept feront du bruit comme 350, forts du sentiment que leur bande organisée est le peuple et que la masse se reconnaît en eux, selon l'idée qu'ils s'en font.

Lutte des classes, le retour

Le néo-député de la Somme ne reconnaît pas François Goullet de Rugy comme son égal en Républiquesur son flanc droit, quelques minutes avant qu'il ne soit désigné président élu de l'Assemblée. 
Ce primo-arrivant ne voit pas dans le seigneur de Rugy un député comme les autres, après dix années passées au service de la nation, mais un ennemi de classe. Il ne le considère moins comme un élu partageant la même légitimité, mais comme un agent de l'oligarchie.  
Ruffin porte le même regard de rejet sur les autres députés, LREM, LR, PS et autres qui ont fait allégeance au nouveau quatrième personnage de l'Etat. Si l'Etat, c'est Macron 1er,  le peuple, c'est Ruffin. Et il n'a que mépris pour les oligarques et les puissances d'argent, des marionnettes aux mains du banquier Macron. Conclusion : leur légitimité est nulle.

F. Ruffin n'est pas un rigolo inoffensif et sa posture, une pantalonnade. 
Son pied de nez est une resucée du doigt d'honneur d'un député socialiste entré au Palais Bourbon en bleu de travail, à la fin des années 90. Elu avec le soutien du Parti communiste français, d'Europe Écologie Les Verts, de La France insoumise et des révolutionnaires d'Ensemble (Les Alternatifs, des auto-gestionnaires, Convergences et alternative, la Fédération pour une alternative sociale et écologique, la Gauche anticapitaliste, une composante du NPA, une large majorité des militants de Gauche unitaire, une des trois forces politiques fondatrice du Front de gauche) !, le journaliste est porteur d'une lourde charge explosive  à fragmentation e haine. Le député de la Somme se croit investi de la mission révolutionnaire de remobilisation du peuple. Et pour reconstruire ce peuple, il lui faut abaisser l'image de l'Assemblée nationale, donner à penser que leurs représentants ne sont pas des élus du peuple, mais quelque chose entre forces de l'argent et forces du mal.

Ce mercredi matin sur Europe 1, Jean-Luc Mélenchon n’a pas dit autre chose. 
La polémique sur l’absence de cravates pour la séance inaugurale de la législature porte bien au-delà du débat sur le respect du règlement et des usages en cours depuis un siècle et demi au Palais Bourbon. L’objectif n’est pas de casser des codes pour se faire repérer par les caméras, mais de donner le signal de la grande casse du système au coeur même du législatif. Daesh aussi ambitionne de mettre le chaos dans le monde occidental.

"La question des codes vestimentaires a été portée par notre camp. Par exemple par le Tiers-État lors des États généraux," a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Le président du groupe parlementaire le plus extrémiste à gauche, La France insoumise (LFI), dénonce une Assemblée où, à l’image des Etats généraux de l’Ancien régime, tous les élus ne sont pas égaux en droit et en représentation.

Mélenchon n'est pas totalement cohérent, car les députés du Tiers-Etat se sont battus en leur temps pour imposer l’égalité entre députés et représentants de la Nation, tandis que lui et ses semblables entrent désormais en lutte pour tenter d'accréditer l'idée qu’ils sont mieux habilités à représenter le peuple que les autres élus de la Nation. Clivage, fractures et blessures sont au programme en vue d'imposer la VIe République, celle des élus des vrais gens et du vrai peuple, par le biais de la proportionnelle, machine à diluer le pouvoir, et retour au passé, celui de la IVe République, ingérable et chaotique, qui avait mis le pays sur le flanc. 

VOIR et ENTENDRE l'atmosphère de la première séance de l'Assemblée nationale de l'ère Macron-de Rugy : 


Des Sans-culottes aux Sans-cravates, en passant par les "sans dents".
L’assimilation Sans-culottes et Sans-cravates ne relève pas de la simple facilité. Elle est une arme politique de destruction massive du système. Quand Mélenchon dit: "Il y avait des Sans-culottes [terme méprisant désignant les hommes du peuple porteurs de pantalons à rayures et non des culottes, symbole vestimentaire de l'aristocratie d'Ancien Régime] ; il y aura désormais des Sans-cravates", il ne plaisante pas. Il pose très sérieusement les bases de la lutte politique qu’il entend mener. Le peuple contre les aristocrates. Les floués contre les nantis. Les pauvres contre les riches. Le bas contre le haut. Application à la lettre des préceptes politiques de l’idéologue d’extrême gauche qui a pensé Syriza et Podemos, Chantal Mouffe, qui entend "Construire un peuple" pour l’amener à remplacer le peuple ancien.

Mélenchon et Ruffin ressuscitent effectivement la Révolution. Non pas la bourgeoise, celle de 1789, mais la vraie, celle de 1793 et de la Terreur. Les Constituants de 1789 ne trouvent pas grâce à leurs yeux qui ont le regard de Chimène pour les Hébertistes de 1793. Avec eux, entre à l’Assemblée nationale, l’esprit du Père Duchesne (le Fakir de l’époque) avec Hébert, Roux et Chaumette et les Enragés. Ils firent tant et si bien qu’à la fin, les jugeant dangereux, Robespierre lui-même finira par les envoyer là où ils rêvaient d’envoyer l’oligarchie de l’époque. Le destin des Sans-cravates sera-t-il aussi tragique ? C'est eux ou nous...

Haro donc sur la cravate bourgeoise, ennemie du peuple et ses classes laborieuses, puisqu'il lui faut des symboles ! A la lanterne, les oligarques à cravate. Rien à faire des souvenirs de Julien Dray, amateur de montres de grand luxe, sur sa page Facebook: "En 1988, élu député, j'ai porté pour la première fois de ma vie la cravate… et je ne le regrette pas. Celui qui m'expliqua pourquoi on se devait de donner une belle représentation des électrices et électeurs était sénateur de l’Essonne". Comment s’appelait-il donc déjà, ce sénateur survolté de l’Essonne ? Un autre socialiste autoritaire, et déchu.

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