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lundi 3 juillet 2017

Versailles : Macron en majesté lundi devant le Congrès

Macron a le melon

Il faut Versailles ou rien à Macron pour tracer les lignes de force de son quinquennat
Ouverture des Etats généraux en Congrès à Versailles, le 7 mai 1789
Macron s’adressera lundi au Parlement réuni en Congrès, à Versailles, une initiative controversée, boycottée même par certains.
A 15h00, le chef de l’Etat rejoindra l’Aile du Midi du château de Versailles pour s’adresser solennellement aux deux chambres du Parlement réunies et, à travers elles, aux Français. Une sorte de "discours du trône" ou plus exactement un "discours sur l’état de l’Union" comme celui prononcé chaque année par le président américain, a expliqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. 
Avant la réforme constitutionnelle de 2008, a expliqué Christophe Castaner, il était "d’usage" que le "président s’adresse à sa majorité" -et non pas à tous- par un message lu par le Premier ministre devant le nouveau Parlement. Largement contestée lors de l’élaboration de ce projet de réforme constitutionnelle car portant atteinte au principe de séparation stricte des pouvoirs, cette disposition avait néanmoins subsisté. Son usage avait d'ailleurs été encadré.
Selon la Constitution de la Cinquième République, le Parlement peut être réuni en Congrès pour le vote des révisions constitutionnelles, et, depuis 2008, pour une déclaration du Président de la République, ou pour autoriser l’adhésion d’un État dans l’Union européenne.
En 2003, les parlementaires franco-allemands se réunissent dans la salle du Congrès pour commémorer le traité d'amitié franco-allemand, dit traité de l'Élysée, en 1963.
Depuis la loi constitutionnelle du 23 février 2007, les deux chambres peuvent également se réunir pour destituer le président de la République, mais le terme employé dans ce cas est celui de 'Haute Cour' et non celui de 'Congrès'.
Les réunions du Congrès ont lieu le plus souvent un lundi, jour de fermeture au public du château de Versailles. Le coût d’une demi journée de réunion est estimée à deux cents mille euros. En 2008, son coût avait été estimé à 600.000 euros. Cette fois, il pourrait en coûter 500.000.
Et puis, lorsqu'au départ on prévoit de renouveler l'opération chaque année, un Zenith aurait parfaitement convenu à ce show présidentiel, l'Olympia ayant toutefois suffi.  Versailles n'était pas le cadre somptueux que s'est choisi Macron 1er, en grande pompe et en grand apparat, mais aussi en grand appareil, déplaçant 900 personnes - dont 350 courtisans assumés à l'Assemblée - transportés par une noria de cars, notamment Transdev de la Caisse des Dépôts et consignation, pour qu'elles s'abreuvent à sa parole.
Depuis 1958 et l'instauration de la Cinquième République,le Congrès s'est réuni 18 fois, en 59 ans, dont 16 fois pour adopter une révision de la Constitution.

Seuls trois Congrès ont été réunis pour une déclaration du président de la République
- 22 juin 2009 par Nicolas Sarkozy, pour faire une déclaration sur la crise financière et économique qui frappait l’Europe depuis quelques mois, mais aussi pour défendre les lois que son gouvernement mettait en place et sa vision sur les débats de l’époque: retraites, burqa, remaniement, Hadopi… 
- 16 novembre 2015 par François Hollande, au lendemain des attentats islamistes à Paris.
- 3 juillet 2017 par Emmanuel Macron, simplement pour exposer les priorités de ...son quinquennat !

A la veille du discours de politique générale du Premier ministre, Macron court-circuite son premier ministre

Au président, "les grandes orientations", au Premier ministre, leur "mise en oeuvre", a résumé Castaner.  Mais ce partage des rôles n’est pas du goût de tous parmi les 577 députés et 348 sénateurs conviés à Versailles.
 
Quelques représentants du peuple boycotteront, à commencer par les députés du groupe La France insoumise, les Sans-cravates, ainsi que l’ensemble des parlementaires communistes.   Pour Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI, Emmanuel Macron "franchit un seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle" en ravalant son premier ministre au rang de 'collaborateur', du fait qu'il le devance de 24 heures. Les parlementaires communistes dénoncent aussi un passage en force de la réforme du Code du travail à coups d’ordonnances. 
Deux députés UDI, Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, avaient rejeté cette démarche tapageuse et hyperprésidentielle, le premier critiquant un chef de l’Etat qui "passe son temps à faire à la fois le travail de président de la République et de Premier ministre". 

A gauche non plus, le "fait du prince" ne passe pas. 
Dès mardi, alors que la date de convocation du Congrès n'était pas encore confirmée, le socialiste Régis Juanico menaçait de rester chez lui. "On assiste à une vassalisation de tous les corps intermédiaires. Je n'irai pas à Versailles car le président de la République ne fait pas un discours pour convenance personnelle", s'étranglait l'ancien frondeur. Avant de conclure: "S'il s'agit d'écouter un discours du PR, j'ai une télé, merci."

La sénatrice franco-turco-israélienne Esther Benbassa est sur la même ligne.
"Moi, sénatrice, républicaine et démocrate, pense être plus à ma place auprès des sans-voix qu’à Versailles pour acclamer un monarque bavard !", a-t-elle encore souligné sur Twitter.

Des députés socialistes furieux contre "la présidence impériale"
D'autres n'oseront probablement pas boycotter une convocation inscrite dans la Constitution, mais de nombreux députés de l'opposition se sont saisis de l'occasion pour dénoncer la gouvernance ultra-centralisée d'Emmanuel Macron.
"La décision du président de la République de s'exprimer devant le Congrès symbolise le retour du pouvoir personnel", a grondé Olivier Faure, président du groupe socialiste. "Effacé le Premier ministre qui se voit condamné à jouer les répétiteurs le lendemain. Escamoté le vote de confiance puisque le discours présidentiel ne peut faire l'objet d'aucun débat en sa présence ni d'aucun vote. Sous couvert de novation, Emmanuel Macron renoue avec la conception la plus archaïque de la Ve République", a-t-il ajouté.

Une humiliation pour le gouvernement Philippe 
"C'est une humiliation pour le gouvernement et pour Edouard Philippe qui prononcera son discours de politique générale le lendemain", a renchéri le député LR Damien Abad, dénonçant "la présidence impériale" du chef de l'Etat. "Si ça ce n'est pas du court-circuitage...", a ironisé de son côté son collègue Philippe Gosselin.
"On va avoir Emmanuel Macron qui donne son programme et le premier ministre qui sera là, le lendemain avec des miettes. Cela va donner l'image d'un premier ministre marionnette du PR. Cela confirme que le président veut remplir tout l'espace et montrer que 'le patron c'est moi'", estimait le député ce mardi.

A cela, le Premier ministre en voyage en Estonie a répondu: "Je pense que, comme toujours, il y aura deux expressions à la fois parfaitement en ligne et en même temps complémentaires. Je suis confus de ne pas m'exprimer sur la politique nationale, mais je suis en Estonie et je pense que l'usage qui consiste à ne pas commenter la politique nationale, alors qu'on est sur un territoire étranger, est un excellent usage", a-t-il botté en touche.

L'Elysée promet deux discours complémentaires.
Peu avant cette annonce, l'Elysée avait souligné que les deux discours du président et du Premier ministre seraient "deux choses différentes" car le président n'entrerait pas dans le détail des feuilles de route des ministères, ce qui relèvera du Premier ministre.
Ces deux discours sont écrits ensemble, il faut articuler ces deux prises de parole, a expliqué l'entourage du président de la République.
"Le président a cherché comment ré-articuler (la relation) entre exécutif et Parlement et voir comment être responsable devant le parlement. Il souhaite s'adresser aux parlementaires à la date anniversaire de son quinquennat, chaque année", selon la même source.

"Il fallait réfléchir au top départ de cette nouvelle méthode politique, pour donner les lignes de forces du quinquennat, les grands défis sur les cinq ans et la cohérence sur le long terme", ajoute-t-on de même source. Quant au choix du Parlement réuni en Congrès à Versailles, "le président accorde de l'importance à la solennité". 

Emmanuel Macron a en revanche fait savoir qu’il n’accordera pas d’entretien à la presse, à l’occasion du 14 Juillet, rompant avec une tradition de 40 ans initiée par Valéry Giscard d’Estaing : la pensée macronienne est trop "complexe" pour les media... 
Dans le même registre hautain et méprisant, lors de son discours d'inauguration de la Station F à Paris jeudi 29 juin, où un millier de start-up sont accueillies, Macron 1er avait évoqué "des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien".
Pressé samedi par des journalistes de dire si certaines promesses de campagne d’Emmanuel Macron pourraient être décalées dans le temps pour tenir compte du dérapage budgétaire hérité du quinquennat Hollande, le Premier ministre a une nouvelle fois éludé, comme si, entre le président et lui, la ligne était brouillée.

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