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mercredi 16 août 2017

'Les InRocks' attribue un rôle majeur à François Ruffin dans 'La Nuit Debout'

Si Ruffin a "impulsé" le mouvement, Frédéric Lordon  est-il un fantoche de 'Nuit debout'? 

"Enquête sur François Ruffin, l’homme qui a impulsé le mouvement Nuit debout" (mardi 3 mai 2016)

'Les InRocks' donne à croire que François Ruffin est l'initiateur du mouvement social contre la 'loi travail' portée par Myriam el-Khomri, mais inspirée de Macron depuis l'Elysée et de Valls à Matignon et s'étendant du refus de cette loi à la contestation globale des institutions politiques et du système économique.

Résultat de recherche d'images pour "Merci patron!"Depuis qu’a débuté Nuit debout, le rédacteur en chef de 'Fakir', une feuille subversive, et réalisateur de 'Merci patron !', un documentaire partisan visant Bernard Arnault, est sur tous les fronts. Propriété du banquier Matthieu Pigasse, également actionnaire du Groupe Le Monde et du Huffington Post, le magazine culturel et politique dresse un portrait ambigu d’un activiste avéré présenté comme journaliste supposé tombé dans la presse alternative et dissidente.

Le lundi 18 avril, lors de la projection de son documentaire satirique à Louviers, une petite commune perdue de Normandie, François Ruffin portait un blouson de cuir vieilli dans le complexe de cinéma désert qui l'attend en face de l’usine textile désaffectée du centre‑ville. "La lose, lâche le Picard d’un air déçu. C’est la première fois que ça arrive depuis le début." Son docu se paie le multimillionnaire Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, propriétaire du journal Le Parisien et soutien du candidat Macron.

"C’est un film militant qui se fait contre les militants"
Résultat de recherche d'images pour "Nuit debout"Depuis février 2016, et les avant‑premières du film un peu partout en France, le quadra anime les bénévoles du journal Fakir, dont il est le rédacteur en chef, pour en faire un événement politique.
"C’est un film militant qui se fait contre les militants, explique Ruffin. C’est son succès populaire qui lui a donné une portée politique." A vrai dire, le succès est médiatique et renforcé par les réseaux de salles d'art et essai et associatifs. Son slogan: "Seule l’alliance des classes populaires et des classes intermédiaires permet de contester la toute‑puissance des riches."
C’est la leçon qu’il veut tirer de son film, réalisé avec l’aide bienveillante des Mutins de Pangée (coopérative de production cinématographique dédié au film engagé) et celle d'un autre quadra, Olivier Azam, également réalisateur de films documentaires politiquement engagés sur des thématiques liées aux luttes sociales, ainsi que les moyens du bord : 40.000 euros - tout de même - qui ont permis de payer les professionnelles. Dans un climat de divisions de la gauche extrême, en perte d’influence et de repères malgré une présidence Hollande décriée, "Merci patron ! fait office de stimulant," selon Les InRocks. Voilà pour le film, "a guerrilla-style documentary," selon le New York Times, et souvent comparé au brûlot subjectif du très controversé réalisateur canadien Michael Moore ('Bowling for Columbine') et qui reçut les appuis des sociologues Monique et Michel Pinçon Charlot, de l'ancien inspecteur du travail, le socialiste de gauche Gérard Filoche et de l'économiste Frédéric Lordon,  notamment.

Dans 'Nuit debout', Frédéric Lordon joue un rôle fondateur et crédibilisant

Clown hanté de démons
Au printemps 2016, l'économiste communiste s’engage contre la réforme du Code du travail voulue par Macron à l'Elysée et Valls à Matignon, mais portée par la ministre du Travail, Myriam El Khomri devant l'opinion et le Parlement. Il mobilise dans un amphithéâtre de l'université Panthéon-Sorbonne et prend la parole lors de la première Nuit debout, place de la République à Paris, dont il est alors désigné par Libération comme le "moteur insurrectionnel" ou le "maître à penser"
Ruffin n'est en fait rien d'autre que le chauffeur de rassemblement et l'agitateur d'idées, si bien que, faute de leader et de porte-parole, la récupération politique du mouvement est peu à peu discrètement opérée par Olivier Besancenot, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (et trotskiste), et Julien Bayou, porte-parole de Europe Écologie Les Verts, qui viennent régulièrement participer à Paris, en leur nom propre.

Jean-Luc Mélenchon, autoproclamé 'Tribun du peuple', n’ose encore se réclamer de Nuit debout en public, mais, avec Jean-Claude Michéa, Jacques Juillard, Christophe Guilluy, poussés par les agités du collectif de pilotage, une quinzaine de personnes : Johanna Silva du journal Fakir, Loïc Canitrot, intermittent de la compagnie Jolie MômeLeïla Chaibi du Collectif Jeudi noir et adhérente du Parti de gauche (PG), une syndicaliste d’Air France, également au PG, un activiste de Sud-PTT, un membre de l'association Les Engraineurs, un étudiant à Sciences Po et l’économiste atterré Thomas Coutrot, Frédéric Lordon théorise la cause des gens ordinaires contre "le système". Le concept se précise et focalise sur le populisme qui, selon eux, ne peut être que de droite ! 


La question est la suivante: "faut-il inventer un 'populisme de gauche' ?

Résultat de recherche d'images pour "populisme de gauche"Au risque d'apparaître ethnicisé et xénophobe, les qualificatifs que la gauche lui accole, schématiquement : à gauche, le terme est un anathème qui consiste à discréditer l'adversaire.
Ce stigmate peut se retourner. 
Pour le sociologue Eric Fassin, professeur à Paris VIII, l’ambiguïté réside dans le fait que le terme se fonde sur la notion de "peuple", dans sa globalité ou dans son acception marxiste, réductrice à la "classe sociale".

Or, en France, Mélenchon se rêve justement en "bon" populiste
domptant l’ordre néolibéral et proche des "vrais gens", anti-establishment (et anti-cravate), renégociateur des traités européens, revalorisation du Smic, recours au référendum, souverainisme, etc, etc. Certains lui reprochent d’ailleurs des similitudes dans son programme avec celui de Le Pen... En fait, le mouvement Nuit debout porte en lui-même les germes de sa mort : niant les luttes de classes, le thème du populisme de gauche vient contrarier l’héritage socialiste et communiste, deux courants historiques en voie d'anéantissement.

Le mouvement Nuit debout prétendait concilier l'inconciliable

Résultat de recherche d'images pour "populisme de gauche"
Les conservateurs du modèle thatchérien revendiquaient d’être "au côté du peuple", Marine Le Pen (FN) aussi, alors que les travaillistes se voulaient "du côté de l’Etat". Or "celui-ci est de plus en plus vécu par les travailleurs ordinaires comme une contrainte bureaucratique puissante, bien plus qu’avantageuse." Hollande ne l'avait pas grandi. 

Nuit debout et ses utopistes excités, tel Ruffin sur le terrain, sur le terreau propice de Goodyear Amiens, ne sont pas parvenus à donner forme au populisme de gauche. Quant à Lordon, s'il a, en revanche, donné une consistance économique au mouvement, il n'a pas réussi  à éclairer durablement la face obscure de Nuit debout, son simplisme primaire.

Résultat de recherche d'images pour "Nuit debout"
Pour Brice Couturier, authentique journaliste et auteur d'articles dans les revues Communisme et Esprit et contributeur régulier aux magazines Le Point et Causeur, ce rassemblement de quelques milliers de personnes a été essentiellement un battage médiatique. Il compare la "surexposition médiatique" de ce mouvement "avec l'affligeante pauvreté des propositions qui en émanaient". 
Les InRocks a-t-il tenté de discréditer Ruffin ? C'était en mai 2016. Nuit debout y aura largement contribué.

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